Deferlante

Depuis toujours, j’emplie mon temps de travail, de voyages, de loisirs, ... pour ne laisser aucun espace vacant à l’angoisse.

Pendant ces mois de confinement, j’ai tenté de me dérober, éviter par tous les moyens de me retrouver face à moi-même. Mais en cette fin d’année 2020 et pour la première fois de ma vie, je n’ai plus eu envie de me cacher, de m’étourdir: comme une envie destructrice d’affronter ce vide qui m’a toujours terrorisé.

M’enchaîner seule à cet endroit que j’avais choisi, sans échappée possible et laisser toute la place à l’anxiété, l’insécurité et la douleur. Ces angoisses que j’avais toujours tenues à l’écart étaient là, à chacun de mes déplacements, dans mes pensées, dans mon regard. Elles ne m’ont pas lâchées. Dans le silence des matins calmes, dans les traces de mes pas à marées basses, jusqu'au réveil dans des draps défaits d'une nuit agitée. Toujours là, à m'attendre, collées à la peau, collées à mon souffle.

Cette détresse profonde, je lui ai donné toute l'attention qu'elle souhaitait, qu’elle me réclamait depuis toujours. La voir arriver en hurlant sans que je puisse la contenir et finalement la sentir s’apaiser lentement au fil des jours et pouvoir enfin la contempler. Retranscrire au travers de cette série réalisée en décembre 2020 à Saint-Valery-sur-Somme (80): le cheminement intime, les sensations, les émotions qui m’ont traversées durant ces journées immobiles.

Cette série est un dialogue entre le monde (prise de vue extérieur) et l’intime (autoportraits), l’un et l’autre se répondant au fil des jours. Elle se lit comme un récit photographique évoquant la descente dans les abymes de la dépression, puis l’espoir qui semble renaître. Les teintes, les compositions accompagnent le cheminement. C’est une déferlante qui emporte tout